MAP

Appliquée à l’urbanisme, l’approche multiplexe invite à aborder les mutations de la ville ainsi que les dynamiques multidimensionnelles fédérant des acteurs engagés dans la réflexion, la négociation et la mise en œuvre de projets, ainsi que dans l’appropriation de processus de démocratie locale et de solidarité commutative.

Ancrage d’une démarche

La création du MAP — pour Multiplex Approach — en 2019 résulte de la volonté de relier trois pratiques tenues jusqu’ici distinctes : d’abord, plus de trente années d’engagement dans les Balkans, comprenant le développement de projets ancrés dans le contexte local, l’action dans différents réseaux actifs au plan européen et une expérience soutenue des relations internationales ; ensuite, de multiples voyages d’étude réalisés dans ce cadre ainsi que dans celui de mon engagement professionnel au sein du Département de l’instruction publique (DIP) du Canton de Genève ; enfin, un cours de philosophie centré notamment sur la philosophie de la ville et l’urbanisme (2013-2022).

Le dénominateur commun : une intense activité éditoriale (livres, ouvrages collectifs, essais et articles de presse), un périple me ramenant régulièrement dans les mêmes villes (de New York à Ankara, de Bruxelles à Trieste, et de Belfast à Sarajevo) et, surtout, une approche pragmatique et transversale fonction de rencontres et collaborations sur le terrain avec des acteurs et personnalités provenant d’horizons multiples — architectes, entrepreneurs, philosophes, anthropologues, psychiatres, psychanalystes, journalistes, diplomates, politiciens, travailleurs sociaux, syndicalistes, écrivains et artistes.

La mutualisation de ces expériences m’amène à la création du réseau nomade MAP qui entend fédérer des énergies et personnes aux expériences multiples autour d’un projet, chaque fois limité dans le temps, centré sur la découverte et l’exploration d’une thématique ainsi que d’un espace urbain spécifique.

MAP Nomad Think Tank

« Try say, try see Sarajevo » (2023)
 

Le projet propose d’explorer les lectures et pratiques différentes  de l’espace urbain Sarajevo. Il s’agit notamment d’articuler d’un côté les figurations classiques de l’espace urbain (image, plan et texte) et, de l’autre, différentes analyses politiques, anthropologiques, philosophiques, littéraires, esthétiques, architecturales et urbanistiques la ville.

À partir d’une lecture critique de l’ouvrage collectif Sarajevo Singular Plural (Baden-Baden, Nomos, 2023), il s’agit de suivre de nouvelles pistes  et axes méthodologiques d’une réflexion développant les relations entre art, architecture et philosophie dans la perspective d’une approche performative de la ville.

Plus particulièrement, il importe d’explorer les  représentations notamment non-figuratives de la ville afin d’explorer de nouveaux modes de représentation, notamment celle de la partition ouverte que suggère Christopher Dell.

Une série de rencontres-débats se sont déroulés à Sarajevo (mars, mai et juillet), Zurich (juin) et Vienne (juillet). D’autres sont prévus à l’automne à Londres et Vienne. 

« Try say, try see Belfast » (2023-24)
 
« Essayer voir, essayer dire », le mot du poète irlandais Samuel Beckett, prend une résonnance toute particulière au Nord de l’Irlande au regard du célèbre mot d’ordre de l’Armée républicaine irlandaise (IRA) des années 1970 : « Whatever You Say, Say Nothing » [ Quoi que vous disiez, ne dites rien ]. Seamus Heaney, lui aussi irlandais et prix Noble de littérature, immortalisa le slogan dans un poème éponyme publié dans le recueil-manifeste North (1975).
 
C’est aussi le titre choisi par Gilles Peress pour sa monumentale « fiction documentaire » assemblant une décennie de photographies à travers 22 « jours » fictifs pour articuler le « temps hélicoïdal » d’un conflit qui semblait ne jamais devoir se terminer – où chaque jour se répétait, semblable aux autres : jours de violence, de marche, d’émeutes, de chômage, de deuil, et aussi de « craic » où l’on essaie d’oublier sa condition. Recueil de 1960 pages sans texte. Rien dire pour « essayer voir ».
 
Dans un contexte géopolitique bouleversé, 25 ans après l’Accord du Vendredi saint, il importe de quitter les rives d’un no man’s land, espace plus incertain que partagé, de jeter aux orties les ambiguïtés et compromissions du « ne rien dire », et prendre le risque de l’« essayer dire » au sens que Beckett donna à cette expression. Essayer dire un pays et une ville partagés et non plus divisés.

Sarajevo, 8 mai 2023

Séminaire MAP

Les différents séminaires déroulent un même fil rouge : le matin, le séminaire explorant la thématique retenue de manière transversale et, l’après-midi, le workshop permet de redécouvrir le champ exploré en séminaire au travers de présentations de projets et de rencontres in situ avec des acteurs clés.

Le séminaire. À la croisée de l’analyse politique, philosophique, littéraire, esthétique et de l’urbanisme, le séminaire entend développer de manière pragmatique une compréhension multidimensionnelle, transversale et collaborative du thème chaque fois retenu ainsi que des mutations de l’espace urbain.

Nomade. Le séminaire migre d’une ville à une autre, d’un projet à un autre avec pour enjeu de formuler d’autres questionnements et d’intégrer d’autres approches et expériences.

Multiplexe. La métaphore restitue la diversité d’une « société hypertexte » : soit, d’une part, une société constituée de divers des champs sociaux impliquant une multi-appartenance et, d’autre part, un espace à n dimensions en perpétuel transformation.

Dispositif nomade migrant d’un lieu à un autre, impliquant potentiellement chaque fois d’autres participants, le séminaire MAP repose sur un travail en réseau évolutif facilitant des actualisations périodiques ainsi qu’une gestion de projet incrémentale et heuristique.

 

Présentation du séminaire MAP

 

Séminaire de Belfast – date à préciser

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