Photographe du conflit nord-irlandais depuis les années 1980, Frankie Quinn témoigne de l’intérieur des blessures du quotidien et d’une ségrégation à la fois territoriale, communautaire et économique. Tant s’en faut, la période des Troubles (1968-1998) ne se laisse pas réduire à un « conflit ethnique », il s’agit d’un conflit politique stigmatisé par les « murs de la paix » et un « urbanisme immunitaire ».
Au-delà des années Troubles (1968-1998), alors que tombe le mur de Berlin, on construit ou aménage à Belfast quelques 80 « murs de la paix ». Sur fond de promotion d’un « avenir commun » et d’un « espace partagé », le gouvernement nord-irlandais s’était pourtant engagé en 2013 à les détruire d’ici à 2023. À de rares exceptions près, il n’en est rien. Après l’Accord du Vendredi saint (1998), le sectarisme ne trouble pas moins l’espace public aujourd’hui que par le passé. Pire, une certaine « normalisation » banalise les « murs de la paix » : leur rénovation ayant pour effet de les pérenniser. Désormais on fait avec …
Des textes de Christophe Solioz (philosophe), Ciarán Mackel (architecte) et Vicky Cosstick (écrivaine) accompagnent cette rétrospective des photographies de Frankie Quinn consacrée aux « interfaces » d’une ville partagée.
A photographer of the Northern Irish conflict since the 1980s, Frankie Quinn bears witness from inside the daily hurts and a composite urban segregation – at once territorial, community and economic. Therefore, the Troubles (1968-1998) cannot be reduced to an ‘ethnic conflict’; it is a political conflict stigmatised by the ‘peacewalls’ and the protective town plan (immune urbanism).
Beyond the Troubles, and while the Berlin Wall was being demolished, some 80 interfaces were erected or refurbished in Belfast. Against the background of a ‘common future’ and a ‘shared space’ policy, the Northern Irish government pledged in 2013 to remove the interfaces by 2023. With rare exceptions, this has not been the case. After the Good Friday/Belfast Agreement (1998), segregation disturbs public space no less today than in the past. Worse, the ‘normalisation’ trivialises the interfaces which are systematically integrated during each fresh renewal and thus perpetuated. They make do with them.
Texts by Christophe Solioz (philosopher), Ciarán Mackel (architect) and Vicky Cosstick (writer) complement this retrospective of Frankie Quinn’s photographs devoted to Belfast’s interfaces.
Vue de Belfast depuis Blackmountain © Frankie Quinn